Universités d'été : la place de la femme dans la société
Hier a eu lieu la deuxième session des Universités d’été organisées par Joss Doszen autour des littératures africaines. Au programme de cette deuxième session : « la place de la femme dans la société ». Des femmes étaient donc à l’honneur pour observer quelle est cette place, des femmes de lettres et des personnages féminins dans la littérature. Cette rencontre littéraire autour de la femme dans la littérature s’est déroulée en trois temps.
Tout d’abord la romancière Ralphanie Mwana Kongo a relu pour nous deux œuvres majeures de la littérature africaine, des œuvres qui nous invitent naturellement à nous interroger sur la manière dont les femmes sont perçues dans nos sociétés, sur le regard qu’elles portent elles-mêmes sur leur rôle, sur leurs droits et leurs devoirs. Les romans Une si longue lettre, de Mariama Bâ, et Riwan ou le chemin de sable, de Ken Bugul, ont fait l’objet d’un brillant exposé de la part de Ralphanie Mwana Kongo qui, après avoir présenté les deux auteures sénégalaises ainsi que leurs romans respectifs, a su faire ressortir la particularité de chacun d’eux et montrer surtout en quoi ces deux romans pouvaient être considérés comme antinomiques. Exposé magistral qui nous a transportés, le temps d'une analyse, sur les bancs de la Fac, à une différence près : la Fac est payante, les étudiants multiplient les petits boulots pour couvrir les frais de leurs études, tandis que là nous avions un cours gratuit ! Dommage que nous n’ayons pas été aussi nombreux à saisir cette belle opportunité qui nous était offerte de revisiter, grâce à l’œil expert de Ralphanie, deux classiques de notre littérature.
Ensuite la réflexion s’est poursuivie autour d’une table ronde avec des femmes auteures dont les œuvres posent également la question du statut de la femme dans la société. Il y avait Touhfat Mouhtare, agréable à écouter et à lire, avec le recueil de nouvelles Âmes suspendues, Ralphanie Mwana Kongo et sa Boue de Saint-Pierre qui éclabousse les consciences, et moi-même, Liss Kihindou, qui ai eu le privilège de parler de mon roman Chêne de Bambou, de son héroïne, Miya, qui se demande si le fait d’être une femme n’est pas un handicap. Cette table ronde a été animée par le romancier Joss Doszen dont les questions pertinentes ont poussé les auteures aussi bien que le public a dévoiler leur positionnement, leurs pensées, leur conception des choses.
Parlons du public justement. Il a eu, dans la dernière partie de la rencontre, la possibilité de participer au débat. On sentait chez lui l’intérêt particulier porté aux littératures africaines. Il y avait des femmes en particulier, parmi lesquelles lectrices, des artistes, qui ont activement pris part à la discussion. Il faut notamment souligner les interventions intéressantes de l’artiste-peintre Nodji qui, comme une grande sœur, a porté un regard encourageant sur le travail des auteures invitées.
Voici quelques-unes des questions évoquées :
- De quelle liberté la femme dispose-t-elle pour définir son avenir ?
- Est-il rétrograde d’accepter d’être la énième maîtresse d’un homme marié ?
- L’écriture féminine se distingue-t-elle de celle masculine ?
- La femme qui écrit est-elle moins prise au sérieux que son homologue masculin ?
- A quel facteur doit-être imputé la relative faiblesse du nombre d’écrivaines médiatisées ? En dehors du Sénégal, qui compte plusieurs écrivaines de renommée internationale, les femmes sont souvent en retrait par rapport aux hommes.
Evidemment, face à ces questions autour de la femme, il était intéressant d’entendre les avis des hommes, et pas des moindres, il y avait parmi eux les auteurs Aimé Eyengué et Jean-Aimé Dibakana, dont les contributions étaient riches et ont surtout permis de voir les choses sous un autre angle. Bref nous avons besoin les uns des autres pour aiguiser notre vue.
Public attentif, public généreux et curieux de découvrir les ouvrages des auteures. L’après-midi s’est terminée par une séance de dédicaces.
Un grand merci aux amis qui ont fait le déplacement, je pense notamment à Kinzy, artiste de fait, artiste dans l’âme ; je pense à la poétesse Ozoua, qui coordonne cette année les festivités autour du centenaire de la naissance d’Aimé Césaire ; je pense à la bretonne Françoise, dont le soutien aux lettres africaines est sans égal. Merci à tous.
Que de joyeuses retrouvailles !
La vidéo de la prestation de Ralphanie peut être regardée sur youtube (copier-coller le lien ci-dessous)
http://www.youtube.com/watch?v=S7ecTrax7kg&sns=fb