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Valets des livres
6 juin 2014

HOMMAGES à Daniel BIYAOULA

Daniel Biyaoula a été inhumé ce matin, au cimetière de Pantin, en Seine-Saint-Denis. Nombreux comme moi, auraient bien voulu accompagner à sa dernière demeure cet écrivain qui laisse, dans le livre d'or de la littérature, une signature brillante, cinglante, mais ils n'ont pu le faire en raison de leurs obligations, professionnelles ou autres. Le corps de Biyaoula repose désormais là-bas, mais n'oublions pas qu'il demeure vivant ! Il faut aller le chercher du côté de la rue des écoles à Paris, chez Présence Africaine, son éditeur, qui publia L'Impasse, Agonies, ainsi que La Source de Joie. Il faut ouvrir les pages de ses romans pour le retrouver, pour l'entendre, pour converser avec lui, lui demander directement de répondre sur tel ou tel autre point sur lequel vous jugez nécessaire qu'il revienne. Je vous assure, il peut encore vous parler !

Je n'ai lu de lui que L'Impasse, qui m'était tout de suite apparu comme son chef-d'oeuvre, je me dis à ce moment-là que L'impasse était LE roman de sa vie littéraire... cela ne veut pas dire qu'il faille faire l'impasse sur ses autres œuvres. En attendant de me les procurer, je me suis dit que, en ce 6 juin 2014, jour mémorable par ailleurs, le mieux que j'avais à faire, c'était peut-être de rendre publics les hommages qui lui ont été adressés sur facebook. Je remercie par la même occasion tous ceux qui ont laissé des témoignages de leur admiration, de leur sympathie, suite aux extraits que j'ai publiés sur ma page. Sami Tchak a également, sur sa page, publié un hommage touchant qui, pour ceux qui ne connaissaient l'écrivain, apporte en plus un éclairage particulier sur l'homme et l'auteur, notamment sur le fait qu'il fut ''loin du milieu littéraire''.

 

BIYAOULA

 

Célia Sadai : « Il a été l'une des premières entrées en littérature africaine pour beaucoup d'entre nous, anciens de la Sorbonne qui avions dit non à la "Grande" littérature "française". Charge à nous de continuer à diffuser ses textes. »

 

 

Raphaël Adjobi : « Daniel est une de mes connaissances d'université. De Dijon, nous nous sommes retrouvés dans la même petite ville de Joigny, dans l'Yonne. Il avait alors commencé son premier roman. J'ai eu l'avantage de lire une partie de son manuscrit. 
Quelques années après, je les ai aidés, lui et sa compagne d'alors, à déménager à Paris. C'est moi qui ai conduit la camionnette louée.

Quand ils étaient à Joigny, mon fils et le sien étaient très liés. Une anecdote : un jour, j'ai pris en voiture les deux garçons et la fille de Danielle. Comme les deux garçons ne cessaient pas de bavarder, j'avais décidé de faire parler la fillette (certainement deux ans de moins que les garçons). Le fils de Daniel crut bon de venir au secours de sa soeur et me dit : "inutile de lui adresser la parole. Elle ne parle jamais". C'est alors que nous entendîmes une voix fluette affirmer : "Mais si, je parle !" Nous avions beaucoup ri !! 

Quelques années plus tard, en formation à l'Université de Manchester (merci Erasmus !), mon fils a eu la grande surprise d'entendre un de ses professeurs parler du livre de Daniel. Tu comprends bien qu'il était fier de connaître personnellement l'auteur dont on parlait. »

 

L'impasse

 

Moustapha Patrice Ahounou : « Je suis convaincu d'une chose, certains ecrivains comme Daniel détiennent quelque chose de plus que les humains, mais le fait de conquérir la France par l'écriture et d'y vivre est-il un handicap pour la vulgarisation de ses oeuvres sur le continent ? »

 

 

Alphoncine Nyelenga Bouya : "Daniel était un mystérieux et aimable solitaire."

 

 

Mathieu Bakima Baliele : « Daniel je l'ai rencontre pour la premiere et derniere fois en hiver 1998, a Geneve, au salon du livre de cette ville romande. Il faisait partie des 3 congolais invites a ce salon: Alain Mambanckou qui faisait la promotion de Bleu Blanc Rouge, son premiere roman, et Massala Saladin, griot, comedien et auteur d'un recit de contes pour enfants. J'acheta les livres des trois de mes compatriotes et chacun d'eux ecrit un joli dedicace pour moi. Souvenir, souvenir. 16 ans deja! »

 

 

Françoise Hervé : « ''L'impasse ", beau texte sombre... Je l'ai recherché (et fait rechercher) pendant plus d'un an, et déniché dans une petite librairie d'occasion à côté de chez moi.. L'hommage à un auteur c'est surtout de le lire tant qu'il est vivant, non ? Il faudrait que ce livre soit réédité ! »

 

 

Cécilia Cudorge : « Ouvrir un livre, c'est déjà rendre hommage à son auteur ! » ; « Comme tous les grands : ils ne meurent jamais. »

 

 

Jean-Michel Nzikou : "C'était un homme discret et talentueux ! Une écriture pleine de souffle !"

 

 

Rosin Francis Loemba : "J'aime bien lire ses romans, je pense que, comme disait Sylvain Bemba, "l'art n'est jamais au passé", alors Daniel vit en nous."

 

Agonie

 

Liss Kihindou : « L'auteur était comme ''retiré'', à l'écart, et c'était une décision assumée, car il se méfiait de ce que disent et pensent les gens, toujours prompts à juger selon les apparences, sans vraiment savoir le fonds des choses ! »

 

Sylvain Maniongui : « Il demeure spirituellement avec nous. Il suffit de lire son oeuvre pour le ressentir, pour l'entendre nous parler avec sa propre voix et ses propres expressions. Chaque contact avec son livre revivifie l'auteur, voilà pourquoi il est et restera immortel ...

 

 

   

La source de joie

 

Sami Tchak : « L'impasse et L'agonie : S'en est, Daniel Biayoula, allé le 25 mai 2014. Il s'appelait Daniel Biyaoula, il était Congolais, biochimiste vivant en France, mais surtout il fut l'auteur de L'impasse. Son compatriote Boniface Mongo M'Boussa, critique littéraire, auteur du célèbre Désir d'Afrique, Boniface qui contribua en partie à ma culture littéraire, me le fit découvrir par ce premier roman poignant. Après avoir lu L'impasse, j'avais rencontré Daniel, l'auteur, et nous avions eu, plusieurs fois, à partager un verre. Homme de caractère, il avait, par ses prises de positions, ses critiques acerbes, attiré l'inimitié de pas mal de personnes, et cela, j'en suis persuadé, l'avait éloigné du "milieu littéraire". Depuis quelques années, je ne l'ai plus revu, nos chemins ne se sont plus croisés. Il y a un an, son ami, le poète congolais Léopold Congo-Mbemba, mourait. Lui, comme s'il avait voulu le rejoindre dans la zone par nous inexplorable, s'en est aussi allé. Son œuvre m'avait tellement marqué que dans mon roman Place des Fêtes, je lui avais rendu hommage par plusieurs clins d’œil où j'utilisais ses deux titres d'alors, L'impasse et L'agonie, pour construire des phrases, dont celle-ci, dans la bouche du narrateur érotomane s'adressant à son père: "Tu nous as largués (papa) sur ton IMPASSE d'où nous n'avons pas les moyens de nous tirer même quand la gueule de L'AGONIE fonce sur nous comme un char en Tchétchénie" (Place des Fêtes, page 21). Je ne me cite qu'au souvenir d'un homme qui n'existera plus parmi nous que par la force de sa création : Daniel Biyaoula.
Un écrivain qui ne fit pas de concession envers le Système, qui paya sa liberté d'une forme d'ostracisme et de solitude, dont l’œuvre entra dans un demi-silence. Mais où a-t-on vu que l'on pourrait étouffer des braises ardentes par de la paille sèche ? »

 

Ces hommages peuvent être retrouvés sur le réseau social facebook, pages de Liss Kihindou et Sami Tchak.

 

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Commentaires
A
une voie, une plume! un grand homme!
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