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Valets des livres
4 juillet 2014

Cinquième anniversaire de la mort de Jean-Baptiste Tati Loutard à Paris

Le 21 juin 2014 a eu lieu une rencontre littéraire pour honorer la mémoire de l'écrivain Jean-Baptiste Tati Loutard, qui nous a quittés il y a cinq ans, le 4 juillet 2009. Cette rencontre s'est tenue à la Maison de l'Afrique, rue des Carmes, à Paris, à quelques mètres de la Librairie des Editions Présence Africaine, où furent publiées ses œuvres. Selon le témoignage de Rudy Malonga, à qui l'on doit l'organisation de cet hommage, Tati Loutard avait ses habitudes dans ce quartier, lorsqu'il était de passage à Paris. C'était donc l'endroit idéal pour le faire revivre, revisiter son œuvre, rendre témoignage de ce qu'il fit, de ce qu'il fut.

La rencontre a été animée par des artistes écrivains et musiciens. D'ailleurs Jean-Baptiste Tati Loutard fut, à une époque, président des artistes et écrivains du Congo. Il fut également, entre autres, ministre de la culture.

 

HOMMAGE TATI LOUTARD 166

 

Dans son mot d'ouverture, Rudy Malonga a commencé par saluer les initiatives des Congolais sur la place de Paris, en ce qui concerne la littérature, des initiatives qui ne font que se multiplier, et c'est très bien. Il a fait référence à la dynamique née autour de la célébration des 60 ans de la littérature congolaise, il a parlé des palabres autour des arts, des rencontres organisées à la librairie Galeries Congo, il a cité l'émission littéraire de Franck Cana.... et la liste n'est pas exhaustive.

Au cours de la première table-ronde, l'écrivain Jean-Aimé Dibakana s'est chargé de retracer pour nous la vie de Jean-Baptiste Tati Loutard et de le replacer dans ce qu'il a appelé la « galaxie littéraire congolaise ». Il a réparti les auteurs du Congo en quatre générations. La cinquième serait constituée des auteurs nés à partir des années 80. C'est dans la troisième qu'il situe Tati Loutard. Jean-Aimé Dibakana a expliqué que sa répartition pouvait être discutée, qu'il s'était appuyé sur certains critères pour faire son tableau. 

Après lui, Marie-Françoise Ibovi Moulady a pris la parole pour apporter son témoignage sur celui qui fut un ami de son père, et qu'elle aurait donc pu fréquenter davantage, d'autant plus que ses œuvres, notamment les Chroniques congolaises, figuraient dans les programmes scolaires. C'est une bonne chose que des auteurs comme Tati-Loutard figurent dans les programmes, « mais ce que je déplore, a déclaré Marie-Françoise Ibovi Moulady, c'est que les jeunes générations ne soient pas étudiés à l'école comme cela s'est fait pour les Tati-Loutard. On a l'impression, en regardant les programmes scolaires au Congo, que le temps s'est arrêté à ce que j'appelle, moi, les ''ancêtres'' de notre littérature, alors que les anciens (plus proches de nous) sont là et ont pris le relais. Ils portent, eux aussi, le flambeau de notre littérature. » 

 

HOMMAGE TATI LOUTARD 179

 

La deuxième table-ronde s'est intéressée à la poésie de Jean-Baptiste Tati Loutard, dans laquelle la mer occupe une place importante. L'universitaire Noël Kodia Ramata a fait un jeu de mots intéressant : la mer symbolise la mère, et au-delà, la patrie. C'était l'intitulé de cette deuxième table-ronde : « Le pays natal dans la poésie de Jean-Baptiste Tati Loutard. » A côté de la mer, il y a également la végétation et les oiseaux qui imprègnent la poésie de Tati Loutard et qui forment, avec le premier élément, un trio symbolique dans l'oeuvre du poète.

Le poète et écrivain Aimé Eyengué a lui aussi montré la place du pays, de la terre natale dans l'oeuvre poétique de Jean-Baptiste Tati Loutard, en prenant appui sur le poème « Baobab ». ''L'arbre puise ses forces dans ses racines'', a scandé Aimé Eyengué. Le baobab est imposant, il donne des fruits (qu'on appelle au Congo ''Mukondo''), mais il a aussi des feuilles, qu'il faut balayer lorsqu'elles tombent. Il y a en toutes choses du positif et du négatif, a rappelé Aimé Eyengué, mais surtout il a insisté sur l'image de l'arbre qui se fortifie et se construit en s'appuyant sur ses racines. Comme l'arbre, Tati Loutard puisait sa force dans ses racines. En lisant les poètes d'aujourd'hui, on observe comme une filiation ou une continuité, car eux aussi magnifient également le pays natal. Autrement dit si Tati Loutard fait partie des racines de la littérature congolaise, les poètes d'aujourd'hui peuvent être considérés comme les fruits résultant de ses racines.

Table ronde liss et public

 

J'ai pour ma part essayé de montrer en quoi il était important pour nous aujourd'hui de fêter Tati Loutard : ce n'est pas simplement par habitude que, au bout de quelques années, on rend hommage à un auteur, mais cette envie est motivée surtout par le fait que l'auteur que l'on désire célébrer nous laisse quelque chose dans ses œuvres, quelque chose qui peut nous nourrir, nous. Quand un auteur part, il faut se demander quel héritage il nous laisse, pour en profiter. Ma communication  peut être lue en entier sur le site des femmes écrivains et littérature africaine, en cliquant ici

 

HOMMAGE TATI LOUTARD 185

 

La poétesse Marilena Lica Masala, Roumaine qui porte le Congo dans son cœur, a lu de façon mélodieuse, en français et en roumain, un texte de Tati Loutard qui figure dans l'anthologie bilingue qu'elle a fait éditer. Elle a été accompagnée par le musicien Jackson Babingui. N'étions-nous pas le 21 juin ? Musique et poésie forment un beau couple. 

 

HOMMAGE TATI LOUTARD 191

 

Pour terminer, Jackson Babingui a interprêté un morceau de Franklin Boukaka : "Ata ozali". Il faut signaler que le texte de cette chanson fut écrit par Henri Lopes, qu'il fut admirablement chanté par Franklin Boukaka, auquel Jean-Baptiste rend un hommage appuyé dans son œuvre. Il y a donc eu une belle collaboration entre les artistes écrivains et musiciens de cette génération. Ils formaient comme une famille, que l'on voudrait voir exister également aujourd'hui. 

Les paroles de la chanson se résument à ces phrases : « Ata ozali Vili, Mokongo, Mongala, ozali kaka mwana Congo. Ozali kaka na mono moko, maboko mibale, makolo mibale, bamema koko na yo na maswa... »

Traduction libre : quelle que soit la tribu ou l'ethnie à laquelle tu apaprtiens (Vili, Kongo, homme du nord), tu es Congolais, vous êtes tous des enfants du Congo, vous avez la même histoire : vos ancêtres ont été déportés... Et puis, ne vous ressemblez-vous pas ? Vous avez une bouche, deus bras, deux jambes... Les différences ethniques n'ont pas lieu d'être !

 

IKIA_7176

 

Si nous avions écouté la voix de Franklin Boukaka, qui a chanté ce morceau en je ne sais plus quelle année, aurions-nous connu les conflits ethniques qui ont ravagé le Congo dans les années 90 ? Allons à la source, lisons nos auteurs, laissons-nous bercer par la voix de nos musiciens, et la paix, la sérénité, la fraternité constitueront toujours le berceau dans lequel repose notre Congo tant béni et que nous saccageons par nos actes, par nos paroles.

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