Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Valets des livres
15 août 2014

Kiss Kiss, de Roald Dahl

Le recueil de nouvelles Kiss Kiss, de Roald Dahl, écrivain anglais né de parents norvégiens, est un vrai régal ! L’auteur vous met devant les faits, fait monter la tension petit à petit, et puis, à la fin, il fait tomber le rideau avant la scène finale, c’est-à-dire que c’est à vous de vous représenter ce qui se passe à la fin, ou de tirer les conclusions qui s’imposent. Un maître de la narration. Des chutes aussi renversantes les unes que les autres.

 

Couverture kiss kiss

 

De toutes les nouvelles, j’ai surtout aimé celles qui mettent en scène le couple ou celles où les protagonistes croient mener la barque… et puis celle-ci se renverse au moment où ils croient avoir atteint la rive du bonheur ! Les nouvelles font penser à des proverbes comme « tel est pris qui croyait prendre », « A malin, malin et demie » ou « en voulant trop gagner, on perd ». L’idiot, le naïf, apparaît en dernier ressort comme le plus rusé, le faible comme le plus fort, car il attend patiemment son heure et saisit l’occasion lorsqu’elle se présente.

Et puis cette « histoire vraie », qui nous fait compatir à la douleur d’une mère qui a déjà perdu trois enfants, et qui vient de donner naissance à un quatrième pour lequel elle tremble, cette femme dont le mari est une brute ! Le récit est mené de telle sorte que le lecteur partage entièrement la douleur de la femme, puis, au fil de la lecture, on comprend de qui il s’agit, révélation des plus inattendues ! La nouvelle se termine par la prière de la mère : « Il faut qu’il vive (…) mon Dieu, soyez miséricordieux pour lui… ». A ce moment-là, le lecteur, qui sait ce qui est arrivé par la suite, partage-t-il aussi cette prière ? On s’interroge aussi sur la personnalité d’Hitler, car c’est de lui qu’il s’agit : le caractère « mauvais » de son âme, ou le « mal » en lui était-il congénital ? Aurait-il fallu qu’il ne soit point né pour que le monde soit épargné ?

Les nouvelles que j’ai moins aimées sont « Pauvre George », dont je n’ai pas trouvé la deuxième partie judicieuse par rapport au début prometteur, et « Cochon », que j’ai trouvé trop tragique, trop injuste.

Mais dans l’ensemble, du suspense, une tonalité fantastique qui n’est pas tout à fait fantastique, une faculté à vous faire vivre les angoisses des personnages, de l'ironie, et une fin qui vous coupe le souffle !


Roald Dahl, Kiss Kiss, Editions Gallimard, 1962 pour la traduction française.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
K
Pardon, cher Saint-Ralph, je me rends compte que je n'avais pas réagi à ton message. Comment ai-je pu oublier de répondre au plus fidèle, sinon à l'un des plus fidèles de mes lecteurs ? Mea culpa.
Répondre
S
Ton introduction est parfaite ! Elle est suffisante pour entraîner le visiteur dans ton sillage à la lecture de cet auteur.
Répondre
Valets des livres
Publicité
Archives
Publicité