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Valets des livres
9 septembre 2014

Ozoua Soyinka publie Une Nuit à l'Opéra

Après avoir publié plusieurs recueils de poésie, la poétesse Ozoua Soyinka se lance dans l’aventure romanesque. Elle publie aux Editions Nestor Une Nuit à l’Opéra, son premier roman, qui montre comment une fille d’origine africaine, de condition très modeste, peut réussir dans un milieu a priori réservé aux familles aisées et surtout de type européen.

 

INTERVIEW PUBLIEE DANS LE MAGAZINE AMINA d'Août 2014

 

OZOUA

 

 

Ozoua Soyinka, de la poésie au roman, qu’est-ce qui vous a fait sauter le pas ?

L'envie d'investir d'autres genres littéraires, l'inspiration étant illimitée. Je me laisse guider, conduire et c'est avec beaucoup de plaisir et de sérénité que je me suis lancée dans le domaine romanesque.

 

L’héroïne de votre roman, Bintou, dont les parents sont originaires du Mali, gagne à la tombola une place à l’Opéra et la famille s’organise pour y aller tous ensemble, et là Bintou a une révélation : elle sera danseuse étoile, chose impensable au départ mais qui finalement se réalise car, dites-vous plusieurs fois dans le roman : « les désirs peuvent devenir réalité si on y croit vraiment », pensez-vous que la « pensée positive » peut changer la vie de nombreux immigrés en France ?

Oui, j'en suis certaine. La pensée positive est un don universel, tout comme l'amour. Elle est  donnée à toute femme et à tout homme. Il faut déjà savoir qu'elle existe,  afin de s'exercer chaque jour à penser positivement, c'est tout un programme ! Nous faisons le contraire en ayant des pensées négatives et elles se réalisent. Seulement nous ne sommes pas conscients que c'est le résultat de ce que nous avons lancé.

 

Le père de Bintou était éboueur et son épouse, femme de ménage, des métiers où l’on aime bien voir les Noirs à l’œuvre car on estime que ces tâches ingrates correspondent à l’image qu’on se fait d’eux en France, pourtant on voit, en suivant le parcours des parents de Bintou, que ce n’est pas une fatalité, puisqu’ils évoluent professionnellement : Abdoulaye reprend ses études de droit et obtient sa licence et sa femme suit des cours d’alphabétisation, puis une formation d’infirmière.

J'ai envie de dire à qui la faute ? Il y a une réalité qui est là. Rokia et Abdoulaye ont des enfants et en parents responsables, ils ont dû accepter ces métiers pour subvenir aux besoins du foyer. Il faut aussi payer les factures. Mais quand la situation d'Abdoulaye s'est améliorée, il a décidé de reprendre ses études, ce qui lui a permis d'améliorer son existence. Il a incité sa femme à être responsable en l'invitant à apprendre à lire et à écrire. Savoir lire et écrire donne une ouverture sur le monde. Tout est possible à celui qui veut décoller de sa chaise, à celui qui veut sortir de son quotidien, choisir de braver l'avenir. Oui, en France, on aime bien cloisonner : les métiers ingrats pour les immigrés et notamment les Noirs. Mais on n’est pas non plus attaché, ligoté ! Il revient à chacun de prendre sa destinée en main pour changer de situation, même si ce n’est pas facile.

 

Pourtant ce n’est pas toujours le manque de qualification qui fait que les Noirs en France se tournent vers des métiers comme éboueur, vigile, femme de ménage… Beaucoup de diplômés Noirs en France n’ont pas d’autre choix car ils ne sont pas recrutés dans leur domaine de qualification. Que dites-vous à propos ?

Chacun a le choix. Nous avons le choix. Dire que l'on n'a pas le choix est un discours défaitiste et incite à ne rien faire. Arrêtons de pleurer sur nous ! Prenons notre vie en main et changeons ! Beaucoup de personnes ont changé leur vie, car ils ont pris conscience que ce qu'ils vivaient ne leur convenait pas.

 

Couv Ozoua nuit opéra

 

Peut-on dire que vous avez voulu tordre le cou aux préjugés dans ce roman ?

C'est tout à fait ça. J'ai voulu montrer que l'Art est ouvert à tout le monde, que l'opéra est ouvert à ceux qui en ont la passion et qui veulent exercer et vivre de leur passion. Nul n'a le droit de dire que c'est réservé à une catégorie. Il faut que les choses changent et c'est par l'écriture d'« Une nuit à l'opéra » que j'apporte ma pierre à l'édifice.

 

Un dernier mot ?

Vivez votre propre vie, pas celle des autres !

 

Ozoua Soyinka, Une Nuit à l'Opéra, Editions Nestor, 2014, 146 pages.

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