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Valets des livres
8 octobre 2014

Festival du livre, festival de rencontres !

Un festival du livre, c’est assurément un festival de rencontres ! Tout a commencé dès le matin, ce 4 octobre 2014, à l’aéroport d’Orly. J’attendais tranquillement l’heure de l’embarquement pour Nice, d’où je devais me rendre ensuite à Mouans-Sartoux, pour prendre part au Festival du livre, organisé là-bas, tous les ans. J’étais en tête à tête avec Virginie Mouanda, à travers ses Contes merveilleux et contes drôles de la savane. Sachant que j’allais m’envoler loin de mon quotidien, j’étais sûre de pouvoir voler quelques heures au temps afin de pouvoir déguster, plus tôt que prévu, les récentes acquisitions de livres que j’avais faites, notamment à l’occasion des rencontres littéraires organisées à Houdan, dans les Yvelines. J’avais donc avec moi, non seulement Virginie Mouanda, mais aussi Milie Théodora Miere et Assia Gibirila pour me tenir compagnie durant les heures d’attente. Ne voilà-t-il pas que quelqu’un interrompt ma lecture, ma conversation intime, heureuse en plus, avec Mouanda ? « Ah non ! me dis-je intérieurement, Pas un qui va expérimenter ses capacités à conter fleurette à une dame, me dis-je en voyant que c’est un Monsieur, mon alliance n’est-elle pas assez visible ? »

 

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(Liss et Kam Kama Makeda Sabas)

Il n’en est rien, l’homme porte comme un étendard, trois livres dans ses mains. Les livres sont les siens et, me voyant lire, ses ondes littéraires ayant capté les miennes, il a parié sur le fait que je serais peut-être intéressée par son travail : des œuvres écrites dans le but de faire connaître de grandes personnalités africaines auprès du jeune public. Il y a entre autres Aimé Césaire. Ça m’intéresse. La discussion est engagée. On parle littérature, on parle aussi de l’énorme travail de communication indispensable à un auteur pour se faire connaître. Ça me parle, je connais ! Je propose mes services : mon blog. Il m’offre ses livres pour un futur article, échanges de cartes de visites. J’ai cru un instant qu’il allait aussi au festival, mais non. Il poursuit sa quête de lecteurs potentiels, et moi je me replonge dans les contes de Virginie Mouanda.   

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(Liss et Yasmina Khadra)

Dans l’avion, je m’installe, et juste à ma droite… je vois, je vois qui ? Un auteur cher à mon cœur de lectrice : Yasmina Khadra ! Un écrivain dans toute sa vérité d’homme ‘‘conscient de sa finitude’’, comme il le dira lui-même devant le public venu en masse l’écouter dans une des salles de cinéma de Mouans-Sartoux, mais qui souhaite faire quelque chose de ce qui le dévore au quotidien, l’écriture. Une écriture habitée par l’humanité qui l’habite lui-même. Un grand !

Sur la rangée de sièges, juste devant moi, un homme et une femme. Un couple. Enfin, couple ou pas couple, je m’en fous ! Mais… le visage de la femme… semble me dire quelque chose… Mais je n’ai pas que ça à faire de chercher à savoir pourquoi un visage me semble familier, j’ai une conversation à finir, moi, et une autre à terminer, car j’avais déjà commencé à lire le roman de Miere, j’avais aussi déjà mis le nez dans le recueil de nouvelles de Gibirila, histoire de tâter déjà le terrain, de voir si je me plairais bien dans les sentiers de son écriture. Je lis plusieurs livres en même temps.

A l’arrivée, tout le monde débarque, et là je m’aperçois qu’il y avait pas mal de gens connus dans ce vol, comme Daniel Cohn-Bendit, déjà entouré par quelques personnes sollicitant un autographe. Cela se fait en toute simplicité.

Des bénévoles du festival sont déjà là pour nous conduire à Mouans-Sartoux. C’est un avant-goût du bain d’amitié qui nous y attend. En effet, pendant quelques jours, la ville va mariner dans un bain de livres, mais les livres ne sont au final que le prétexte pour laisser exploser cette sympathie, cette chaleur dont les habitants de la commune sont prodigues et qui constitue le secret de la réussite de ce salon.

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(Liss, Nathalie, Laurence et Momar)

Je revois des amis, je rencontre des amis de mes amis qui deviennent mes amis, comme Nathalie et Laurence, qui entourent de leurs soins le convalescent Momar Gaye. Cette année, le conteur sénégalais n’enchantera pas petits et grands, il a été gravement malade, et toute la ville l’entoure de son affection. Mouans Sartoux, ce n’est pas une ville, c’est un village, le village de l’amitié.

Tous les auteurs invités se retrouvent au Château, autour d’un repas. C’est l’occasion, là aussi, de faire connaissance. Ainsi on rencontre des poètes, des auteurs de pièces de théâtre, des illustrateurs, des réalisateurs… Tous les arts de l’écrit sont à l’honneur.

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(Momar, Eveline, Basile et Liss)

Le festival du livre de Mouans-Sartoux m’a aussi donné l’occasion de rencontrer physiqement un auteur avec lequel j’avais déjà fait connaissance par mail, et qui m’avait été recommandé par un ami commun, auteur lui aussi : Dominique M'Fouilou. Pour nouer des amitiés, le livre est un ciment qui prend tout de suite ! Je retrouve Lou Belletan devant le cinéma « La Strada ». C’est un Français amoureux des Comores et observateur des civilisations, de leurs similitudes derrière les apparentes différences. On échange, on promet de se rendre visite mutuellement à nos stands respectifs et il viendra me soutenir par sa présence à l’entretien de 11h, dimanche 5 octobre, à l’espace  « Café Beaux Livres »,  autour de mon roman Chêne de Bambou, de ma production littéraire en général, tout en jetant également un regard sur la littérature africaine.

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(Michel, Liss, Lina et Gustave)

Il n’est pas le seul. Les amis de Nice : Gustave Bimbou, Lina Badila, Yasmina Bendjama, Michel Pambou, étaient là également, venus en équipe pour assister à l’entretien et faire la fête avec moi, la fête des livres, la fête de l’amitié.  Avoir des amis, ça compte.

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(Yasmina, Liss et Lina)

Ambiance joyeuse au Stand « Souffle d’Afrique », avec Momar Gaye, Jean Philippe, Adèle Théodora Penda, Eveline Mankou, Isaac Coulibaly, Abahia Africa, ainsi que le panafricain Basile Ngangue Ebelle, organisateur du festival international du film panafricain de Cannes. D’ailleurs il est décidé qu’on doit faire quelque chose, pour que ce festival ne se limite pas seulement à l’art cinématographique, mais s'étende aux arts en général, avec une représentativité des auteurs africains, qui pourraient y exposer leurs œuvres.

Se tenant la main au stand

(Eveline, Liss, Adèle Théodora, Isaac, Abahia Africa)

Le dimanche, en me rendant à l’entretien, mon pas ralentit, pour permettre à mes yeux de se repaître de tous ces livres sommeillant sur les tables, attendant les lecteurs pour retrouver leur vigueur. J’en profite aussi pour sourire aux auteurs, surtout ceux que je reconnais, avec lesquels j’ai eu de brefs échanges. Puis mon regard croise celui d’une femme. Assise. Un livre tenu de manière à ce que le lecteur s’y arrête. Elle est noire, comme moi. Nos regards s’accrochent l’un à l’autre. C’est le début d’une conversation muette qui ne demande qu’à prendre vie par nos voix. Mais je dois partir, l’heure de l’entretien va sonner. J’ai juste le temps de lui glisser ma carte, afin de pouvoir donner une deuxième chance à ce rendez-vous manqué.

Mouans Sartoux Liss au podium 2

(Entretien avec la journaliste Delphine)

L’entretien terminé, j’ai presque oublié la dame, c’est elle qui m’accoste lorsque je repasse par là :

-         Vous êtes critique littéraire ?

-          Oui.

-          Puis-je vous donner un exemplaire de mon livre ?

-          Oui, bien sûr, je me ferai un plaisir de vous lire.

Je commence à caresser le livre, essayant de me représenter la jouissance qu’il me procurera… ou ne me procurera pas. Mais la jeune femme, elle, est du genre à vous laisser, instantanément, une forte impression positive. J’apprends que le nom qui figure sur le livre est un pseudonyme. Elle est martiniquaise, son vrai nom, c’est N’Zoumba. Je ne puis retenir une exclamation : ''N’Zoumba'' ou plutôt ''Nzoumba'' ? « Savez-vous que ‘‘Nzoumba’’, c’est un congolais ?

-          Oui, j’ai fait des recherches, figurez-vous, et j’ai découvert que mes ancêtres, il y a quatre générations, venaient du Congo, plus précisément de la région du Pool !

-          Moi aussi je viens de cette région, lui dis-je. »

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(Eloria M'Basse et Liss)

Elle m’explique pourquoi elle n’a pas le nom du colon mais celui qu’elle tient de ses origines. Son histoire m’intéresse. Nous devions nous rencontrer, assurément. Une congolaise d’Afrique et une Congolaise des Antilles. A Mouans-Sartoux. Hasard ? Destin ? 

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(Liss et Sharon, une future lectrice)

Festival du livre, festival de rencontres. Festival de dédicaces aussi, car le public vient avec la ferme intention de ne pas rentrer bredouille. On fait le plein… de livres ! Un précieux carburant qui alimentera peut-être des générations de lecteurs.

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(avec Jacqueline, une auditrice qui m'a suivie au stand pour me dire que nous faisions partie du même club :

les mamans de 4 enfants et qu'elle avait été touchée par les thématiques de mes livres)

Ce week-end passe trop vite. Il faut déjà penser au retour. Les bénévoles sont sur le pied de guerre, ils répondent à toutes les sollicitations, ils s’assurent que tout va bien pour les invités. Madame Marie-Louise Gourdon elle-même, la Commissaire du festival, Maire-adjointe à la culture, qui est sans doute la personne la plus sollicitée du festival, trouve, on ne sait comment, quelques instants à consacrer à chacun. Surchargée et pourtant disponible. C’est l’occasion pour moi de la remercier pour ce beau festival, elle ainsi que toute l’équipe qui l’entoure de son efficacité.

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(avec Marie-Louise Gourdon, la commissaire du festival)

Prêts pour le retour. Nous serons arrivés dans moins de deux heures. Je me suis installée il y a quelques instants, à la place qui m’est attribuée, au milieu, lorsqu’une femme me demande gentiment si je veux bien changer de place, me mettre plutôt à l’extrême droite afin que son amie et elle puissent être assises l’une à côté de l’autre, au lieu d’être séparées par moi. J’accepte volontiers. « Viens, Mazarine » dit-elle à l’amie. C’est la même jeune femme dont le visage semblait me dire quelque chose la veille. La lumière se fait dans mon esprit. Mais bien sûr ! Comment ne l’ai-je pas reconnue plus tôt, elle qui ressemble tant à son père… toujours présent dans la mémoire des Français.

Il ne me reste qu’une nouvelle à lire pour terminer le livre d’Assia Gibirila, mais je crois que je vais le faire plus tard, car je sens l’appel de l’encre. Je veux garder une trace écrite de ce week-end. Un petit article sur la 27e édition du festival du livre de Mouans Sartoux. Un festival de rencontres.  

 

 

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