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Valets des livres
13 mai 2015

Le prix du pardon, un roman sentimental en trois tomes, de Fabiola Chenet

Pour un auteur, participer à un salon du livre, c’est moins l’occasion de vendre des livres que de faire des rencontres : rencontre des lecteurs mais aussi rencontre d’autres auteurs. C’est ainsi que, au premier salon du livre organisé à Verneuil-en-Halatte, dans l’Oise, en avril dernier, j’ai fait la connaissance d’une auteure native de la Réunion : Fabiola Chenet. Elle m’a intriguée tout de suite car elle n’avait pas de livres sur sa table d’exposition, mais des cartes représentant la couverture de ses ouvrages, ainsi que des liseuses, pour celles et ceux qui souhaiteraient ‘‘feuilleter’’ ses romans, se faire une idée de sa plume en lisant quelques passages.

En effet, les romans de Fabiola Chenet ne sont disponibles qu’en e-book. Par ailleurs elle n’écrit que des romans d’amour, autrement dit des romans où tout est bien qui finit bien, les personnages principaux ayant surmonté tous les obstacles qui auraient pu empêcher leur relation de s’épanouir. Dans les autres romans, l’histoire d’amour n’est pas forcément l’intrigue principale et surtout cette histoire est souvent contrariée, les héros ne sont pas libres de s’aimer ou bien l’histoire se termine de manière tragique, comme dans African Lady, de Barbara Wood, un roman que je ne me lasse jamais de relire, et qui fend le cœur du lecteur parce que la société, l’entourage, les circonstances, la vie tout simplement ne laisse aucune chance à l’amour ! Et pourtant les héros se battent pour avoir cette chance, mais c’est un combat perdu d’avance !

 

Couverture passion et conséquences

 

Fabiola Chenet a déjà trois titres à son actif : Passion et conséquences et Le Bal de la dernière chance, qui sont respectivement les tomes 1 et 2 d’une trilogie intitulée « Le prix du pardon » ; ainsi que Comment accepter l’inévitable ? Certains de ces ouvrages étant relativement courts, j’ai eu l’envie de découvrir cette auteure et de me replonger par la même occasion dans une littérature dont je m’étais abondamment nourrie du temps de mon adolescence. A l’époque, j’avais toujours un roman de la collection « Harlequin » ou « Passion » dans mon sac ou sur ma table de chevet, même si les héros étaient toujours des Occidentaux : les jeunes gens avaient des yeux bleus, les jeunes filles une chevelure blonde ou châtain … Mais ce qui m’importait, c’étaient les sentiments, les barrières sociales qui tombaient au nom de l’amour, l’improbable qui se produisait là où on ne l’attendait pas, là où on ne l’espérait pas…

Et puis j’ai découvert un peu plus tard que les auteurs africains aussi écrivaient et qu’ils proposaient même des romans qui me ravissaient autant. Sans être à proprement parler des romans sentimentaux,  mais simplement des romans où le sentiment amoureux est fortement présent, j’ai aimé lire ces œuvres dont les personnages me ressemblaient, je veux dire qui évoluaient dans un univers qui renvoyait directement à mes propres origines. C’est le cas par exemple pour Le Silence de la forêt, d’Etienne Goyemide, où un Bantou imbu de sa qualité de Bantou se croyant supérieur aux « pygmées » se retrouve au cœur de la forêt,  et tombe amoureux d’une pygmée. Ou bien Les frasques d’Ebinto, qui dans mon esprit était le jumeau africain du roman d’Alain Fournier, Le Grand Meaulnes. Que dire de Cœur en exil, de Jeannette Balou Tchitchelle, roman dans lequel un homme aime une femme, puis tombe amoureux de sa jumelle, poursuivant avec la seconde l’histoire inachevée avec la première. Il y a quelques années j’ai découvert la plume de Chimamanda Ngozi Adichie, auteure nigériane, qui a d’emblée séduit la lectrice que je suis, non seulement à cause de la qualité de son écriture, mais aussi par sa faculté à peindre le sentiment amoureux entre des héros africains. Ce n’est pas pour autant qu’elle se limite à ces personnages : l’univers de Chimamanda Ngozi Adichie est large et ne se circonscrit pas à un seul territoire géographique ou à une catégorie de personnages, cependant j’ai été émue par la relation qui unit la narratrice de L’Hibiscus pourpre, Kambili, avec le jeune homme qui se destine à la prêtrise : père Amadi. J’ai lu avec délectation l’histoire de Master et d’Olanna, dans L’autre moitié du soleil, le deuxième roman de la romancière nigériane. 

 

Couv Fabiola Bal dernière chance

 

C’est le seul regret que j’ai à émettre sur les romans de Fabiola Chenet : elle écrit des romans passionnants, capables de vous tenir éveillé, mais ceux-ci se déroulent toujours dans le monde aristocratique anglais. J’aurais voulu qu’elle offre aussi autre chose, qu’elle imagine d’autres personnages que ceux ayant les yeux bleus ou les cheveux blonds !

Je sais pertinemment qu’un auteur n’est pas conditionné par la couleur de sa peau. Je pense qu’en publiant un titre comme « Je suis un écrivain japonais », Dany Lafferière, auteur haïtien, ne fait pas autre chose que d’essayer de casser les déterminismes. L’écrivain est libre de choisir ses personnages et de les faire évoluer dans le milieu qu’il affectionne, mais je ne peux m’empêcher, en lisant Fabiola Chenet, d’exprimer ce regret de ne pas lire de sa main une histoire d’amour nichée au cœur de l’Afrique. 

En voilà une longue digression ! Il s’agissait au départ de vous parler de Passion et conséquences et du Bal de la dernière chance, dans lequel on retrouve certains des personnages du roman précédent. Dans Passion et conséquences un séducteur invétéré, Edouard, un riche héritier de la noblesse anglaise, n’hésite pas à user de ses charmes auprès d’une jeune orpheline, Alexandra, qui vit dans le plus grand dénuement, seule avec sa mère, et qui lui offre pourtant l’hospitalité, une nuit que la tempête l’empêche de poursuivre son chemin. La mère ne peut plus quitter son lit de malade et Alexandra est pour ainsi dire une proie facile pour le séducteur. Naïve, crédule, inexpérimentée, elle boit les promesses d’amour de cet inconnu qui la subjugue, et se livre. Mais à son réveil, le bel inconnu a disparu. Malheureusement pour elle, elle s’aperçoit plus tard qu’elle est enceinte, et elle est sans aucun revenu. C’est grâce à un établissement de bonnes sœurs qu’elle s’en sortira, elle trouvera même du travail auprès d’une vieille dame riche et respectable qui la prend en charge, elle et son fils. C’est chez cette dame que sa route croise de nouveau celle d’Edouard, qui ne se souvient aucunement d’elle ! 

Le second roman, Le bal de la dernière chance, raconte l’histoire du meilleur ami d’Edouard, Georges, dont la noblesse de cœur me fait penser à celle d’un autre Georges, le héros du roman éponyme d’Alexandre Dumas. Contre toute attente, Georges tombe amoureux de celle qui au départ ne représentait qu’une compagne qui lui permettrait de faire son chemin dans la haute société et lui donnerait un héritier, mais Lydia n’est pas une jeune femme quelconque, elle sait ce qu’elle veut et est capable de mettre fin à une relation si celle-ci ne répond pas à ses espérances. Son fiancé, qui croyait l’avoir conquise, découvre qu’il n’en est rien et qu’il doit la reconquérir de nouveau.

Lectures agréables, la deuxième ayant l’avantage de se lire en peu de temps, mais on trouve sans aucun doute plus de satisfaction avec la première car elle fait durer le plaisir de la lecture. J’ai moins aimé Comment éviter l’inévitable ?  

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(Fabiola Chenet, au salon du livre de Verneuil-en-Halatte, avril 2015)

La sortie du dernier tome du Prix du pardon, intitulé « Une nouvelle vie », est prévue pour juin 2015. On peut imaginer que ce dernier volet de la trilogie racontera le nouveau départ pris par la rivale d’Alexandra, Vivian, qui ne recula devant rien pour briser les liens que, malgré elle, elle voyait s’affirmer entre Edouard et Alexandra. Et pourtant, à deux reprises, cette dernière, au lieu de se venger lorsqu’elle en a la possibilité, lui accorde la chance de poursuivre sa vie en toute sérénité… 

Le pardon a plus de pouvoir que la haine et le ressentiment, semble nous dire Fabiola Chenet. Nous verrons si les pronostics avancés se confirment.

 

 Fabiola Chenet, publiée aux éditions Laska, au Canada.

-          Passion et conséquences , 4.99 € (le top !).

-          Le bal de la dernière chance, 0.99 €.

-          Comment accepter l’inévitable, 0.99 €.

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