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Valets des livres
31 juillet 2021

Bitibaly Zerbo Rose, Miss Littérature Afrique 2021

Le samedi 24 juillet 2021 s’est tenue la finale de « Miss Littérature Afrique ». Ce concours est une idée géniale de Carmen Toudonou, écrivaine et journaliste du Bénin qui, par cette initiative, participe à la promotion pour la lecture et l’écriture auprès de la jeunesse africaine, en particulier auprès des jeunes filles, auxquelles on inculque encore aujourd’hui qu’elles doivent prendre soin de leur corps, savoir mijoter de bons petits plats et tenir la maison, des atouts qui leur permettront de se faire valoir auprès des hommes en recherche d’épouse. On oublie que le mariage unit deux personnes et que pour que celui-ci soit heureux, il faut que les deux personnes qui forment le couple se sentent bien, le bonheur de l’un étant une énergie qui sera automatiquement mise au service de l’autre. La femme rendra d’autant plus heureux un homme qu’elle sera elle-même épanouie. Or l’instruction est une source infinie d’épanouissement.

 

Logo Miss Littérature

 

Par ailleurs, il faut rappeler que les choses ne doivent pas toujours s’organiser en fonction des besoins ou du plaisir de l’homme, la femme doit pouvoir réaliser des actions ou prendre des initiatives pour son propre plaisir, pour sa propre formation, elle est un être à part entière, avec ses désirs de jouissance… intellectuelle.

Carmen Toudonou a bien voulu nous parler des motivations qui l’ont poussée à imaginer ce concours.

 

Photo Carmen TOUDONOU

 (Carmen Toudonou, initiatrice du concours Miss Littérature)

 

« Nous avons noté que peu de femmes sont écrivaines en Afrique, et que leur travail est peu valorisé. Notre idée, en créant ce concept, c'est de contribuer à former la relève littéraire féminine africaine, en intéressant les jeunes filles à la lecture et à l'écriture. »

« Les femmes ont beaucoup plus à vendre que le physique. Et de toutes manières, aujourd'hui, avec les artifices cosmétiques et esthétiques, chaque femme le désirant, peut paraître belle. Voilà pourquoi, à Miss Littérature,  nous ne tenons compte d'aucun critère physique dans la notation des candidates. Nous mesurons plutôt leur potentialités et leurs efforts dans la connaissance de la littérature, le compte-rendu de lecture, la rédaction et l'éloquence. Et plus tard,  nous les formons à l'écriture grâce à des ateliers d'écriture. Nous avons déjà publié un recueil de nouvelles signées de nos lauréates. »

 

C’est en 2016 que Carmen Toudonou a lancé le concours Miss Littérature dans son pays, le Bénin. Puis, au fil des ans, il a connu la participation d’autres pays d’Afrique francophone. L’édition 2021 a mis en compétition huit pays : le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Niger, le Tchad, le Togo. A l’issue des épreuves du 24 juillet, qui ont porté sur le podium la représentante du Burkina Faso, nous nous sommes rapprochés de la lauréate et avons obtenu un entretien.

 

Photo des finalistes

 (Les huit finalistes de Miss Littérature, édition 2020-2021. Crédit photo : Page Facebook Miss Littérature Bénin)

 

A l’issue des épreuves du 24 juillet, qui ont porté sur le podium la représentante du Burkina Faso, nous nous sommes rapprochés de la lauréate et avons obtenu un entretien.

 

 

ENTRETIEN AVEC LA LAUREATE

 

"Au Burkina Faso, il n’y a malheureusement pas assez de communication autour de la chose littéraire. A l’école par exemple, on n’étudie pas assez les auteurs africains."

 

Miss Littérature Afrique 2021, félicitations pour votre couronnement et merci de nous accorder cet entretien. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?   

Je m’appelle Bitibaly Zerbo Rose, j’ai 23 ans, je viens du Burkina Faso, je réside à Ouagadougou. J’ai une Licence en Marketing et Communication.

 

Comment avez-vous eu connaissance de ce concours ?

C’est sur Facebook que j’ai appris l’organisation de ce concours, on était à deux jours avant la clôture des inscriptions. Quand j’ai vu l’annonce, la cause m’a paru noble et je me suis tout de suite lancée.

 

Racontez-nous un peu votre parcours, depuis le moment de votre inscription jusqu’au couronnement. Quelles ont été les différentes étapes ? Cela a-t-il été en quelque sorte un parcours du combattant ou bien les choses ont-elles été plutôt aisées ?

La première étape, c’était la finale nationale (au niveau du Burkina). Il y a d’abord eu une présélection. Nous étions une vingtaine de filles à participer et dix ont été retenues. Et lors de la finale, j’ai eu la chance d’être élue. Mais dès le départ, j’ai compris que ça n’allait pas être facile, parce que chacune avait quelque chose à prouver. C’est à partir de ce sacre au niveau national que les choses ont été plus compliquées, parce que je me suis renseignée un peu sur l’édition précédente et j’ai vu que je devais absolument être à la hauteur pour représenter le Burkina Faso comme il le fallait. Je me suis donc donnée à fond dans les recherches, notamment en ce qui concerne la culture générale.

 

Photo Rose Bitibaly Zerbo

(Rose Bitibaly Zerbo, lauréate Miss Littérature Afrique 2021)

 

Vous avez donc pris le temps de vous documenter, de vous préparer afin d'être prête pour la grande finale réunissant les lauréates de chaque pays participant ?

C’est tout à fait cela, et ce n’était pas facile car c’est une fois rentrée du boulot que je me mettais à bosser, à partir de 20h. J’ai travaillé dur.

 

Vous vous êtes donc sentie à l’aise durant les épreuves ?

L’épreuve que je craignais le plus est la partie culture générale, c’est là, justement, que je trouve que cela a été corsé pour moi.

 

Avez-vous le sentiment que ce concours a été pour vous un canal qui vous a acheminé vers des découvertes littéraires ? Pouvez-vous en citer quelques-unes ?

C’est le cas, absolument, puisque chez nous, au Burkina Faso, il n’y a malheureusement pas assez de communication autour de la chose littéraire. A l’école par exemple, on n’étudie pas assez les auteurs africains, on ne les connaît pas trop, alors que, au niveau de l’Afrique, ce sont ces auteurs qu’on devrait le plus connaître. Ce concours m’a permis d’aller au-delà de mes connaissances, de découvrir par exemple des auteurs comme Sony Labou Tansi, Véronique Tadjo ou Arthur Rimbaud.

 

 Miss Littérature Afrique 2021 Rose

(Crédit photo : page Facebook Miss Littérature Bénin)

 

Quel a été le moment le plus marquant, pour vous, en dehors du couronnement bien sûr ? Y a-t-il un moment qui a été particulièrement marquant pour vous ?

Eh bien je dirais que c’est au niveau de la promotion. Par exemple juste après le sacre à la finale nationale, je souhaitais organiser quelque chose au pays, on a frappé à des portes qui sont restées fermées jusqu’à présent, et ça a beaucoup freiné mon élan, alors que j’étais très enthousiaste au départ. Mais Je me suis rendu compte que le domaine littéraire n’est pas priorisé dans les prises de décision, par exemple pour le financement, ça m’a beaucoup déçue.

 

Encourageriez-vous d’autres jeunes filles à participer à ce concours ? Que pourriez-vous dire à celles qui ne connaissent pas trop ou bien qui hésitent ?

Je dirais qu’il faut participer à ce concours parce que c’est pour une bonne cause. Cependant, ne participez pas à Miss Littérature en pensant qu’après, il y aura la gloire, si vous ne pensez qu’à la gloire, vous serez vite découragée, il faut bien plus que cela : aimer la chose littéraire.

 

Et maintenant que vous êtes élue, y a-t-il quelque chose de prévu pour la suite ?

L’événement en préparation, c’est la rédaction d’un recueil de nouvelles auquel vont participer les huit finalistes, sous le patronnage de Madame Carmen Toudonou, que nous remercions pour cette opportunité.

 

Propos recueillis par Liss Kihindou.

 

 

SOUTENIR LE CONCOURS MISS LITTERATURE

Si vous voulez soutenir ce concours, participer à sa pérennisation, rien de plus simple. Toutes les contributions sont les bienvenues. Vous pouvez par exemple le faire connaître autour de vous, partager les infos le concernant. Vous pouvez offrir des livres qui seront offerts aux candidates, faire d’autres dons, en nature ou en espèces. Vous pouvez même aider à obtenir des subventions.

 

Pour tous contacts :

Mail : misslitterature@yahoo.fr

Facebook : Miss Littérature Bénin

YouTube : Miss Littérature Officiel

Appels et Whatsapp : +229 97870303

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Commentaires
K
Cher Raphaël, j'apprécie beaucoup le parallèle avec la musique, au travers du groupe Kassav, avec le talent artistique en général, qui généralement devait être ''légitimé'' par les instances occidentales. Des exemples comme celui que tu cites avec Jacob Desvarieux, ainsi que le concours Miss Littérature ou les actions entreprises par l'association la CENE littéraire, montrent à la jeunesse que l'appui sur l'Afrique peut aussi être source de rayonnement international. Une voie à développer !
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S
Merci à toi Liss, d'avoir suivi avec attention cette compétition littéraire pour nous donner ce compte rendu. Jacob Desvarieux, qui vient de nous quitter, disait que Kassav a été la seule entreprise noire a avoir acquis un succès planétaire en partant de l'Afrique qui l'avait adopté avant tout le monde. Il faisait remarquer que d'habitude, il fallait obtenir son billet international soit à partir des Etats-Unis, soit de l'Angleterre ou de la France. C'est l'Afrique qui a propulsé Kassav sur la scène internationale. En littérature, si, au début du XXe siècle, nos aînés ont dû bander les muscles de leur cerveau pour qu'on les écoute ailleurs dans le monde, les jeunes générations n'ont qu'à écouter leur coeur, leurs passions pour laisser découvrir la richesse de l'Afrique qui tient à l'extraordinaire diversité de ses populations. Bravo à mademoiselle Rose Bitibaly Zerbo ; qu'elle poursuive avec amour et passion la culture de son jardin littéraire pour notre grand plaisir.
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