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Valets des livres
16 août 2020

KANIKA, d'Ophélie Boudimbou

 Faisons connaissance avec

KANIKA

une héroïne qui séduira petits et grands

Photo KANIKA par Boudimbou 3

 

Ophélie Boudimbou lance une collection pour la jeunesse intitulée « Kanika » dans le but de transmettre l’Histoire et la richesse culturelle du continent africain. Le premier volume, « Dans la cuisine de Mamie », est déjà sur le marché du livre. Il permet de découvrir des spécialités culinaires de l’Afrique et bien plus encore...

 

 

ENTRETIEN AVEC L'AUTEUR

 Photo Ophelie BOUDIMBOU

(Ophélie Boudimbou)

 

Comment vous est venue le désir de publier pour la jeunesse ?

Je pense qu'il y a toujours eu en moi un grand enfant qui sommeille. Enfant, j'aimais beaucoup les albums jeunesse, les dessins animés et les films d’animation. C'est à travers ma formation en Master spécialisé en littérature de jeunesse que je me suis rendue compte du manque de livres valorisant le patrimoine culturel africain. Il y a beaucoup de livres sur les animaux, les contes de la savane, les enfants soldats et les guerres. Mais peu de livres proposent des clés de compréhension de l'Afrique, de son Histoire et de sa culture de façon authentique. Il a fallu que je sois loin de mon pays pour trouver enfin ce déclic et écrire à destination de la jeunesse. Chaque sujet que j’aborde résulte de mon questionnement sur mon identité et mon Histoire. 

Votre héroïne est une toute jeune fille qui réside à Paris et qui va régulièrement passer des vacances en Afrique, auprès de sa grand-mère, dont le village n’est pas nommé. Ce dernier serait-il situé en Afrique centrale ? en Afrique de l’Ouest, de l’Est… ?

Si vous cherchez la situation géographique de ce pays dans le livre vous aurez tout faux. Ce pays imaginaire se trouve nulle part sinon dans le cœur de chaque lecteur. Chacun de nous a en lui un coin d'Afrique qu'il affectionne tant. C’est là où se rend l’héroïne… Il était difficile pour moi de choisir un pays parce que le but n'était pas de présenter un pays mais plutôt la diversité culturelle de tout un continent. C'est une vision assez panafricaine de l'Afrique. Certains diront que c'est utopique. L’enjeu de cette démarche est que chaque enfant puisse s'y retrouver sans difficulté, qu'il soit question d'Afrique centrale, d'Afrique de l'Ouest ou du Maghreb. La découverte des pays est plutôt à effectuer à travers celle des recettes. Chaque recette est un clin d'œil à un pays, à une zone d’Afrique. C’est mon ‘‘panafrican dream’’.

 

Effectivement, les spécialités culinaires que l’on découvre relèvent de différentes régions de l’Afrique noire en particulier. Finalement votre livre n’est-ce pas une découverte de l’Afrique dans sa diversité ?

A vrai dire, Kanika, dans la cuisine de Mamie est une ode à la gastronomie africaine. Cette gastronomie fait partie de notre patrimoine culturel à tous. Nous devons en être fiers. La preuve : le Tiep est en lice pour être sacré patrimoine mondial de l'Unesco, ce sont des recettes chargées d'histoire. Il y a beaucoup d'anecdotes et de savoir derrière. Et si on voit bien, chaque recette a sa variété dans un pays d'Afrique. Nous consommons des aliments similaires. Le gombo qui se consomme de Tunis à Lagos, la sauce cacahuète de Bamako à Brazzaville, la sauce graine d’Abidjan à Accra… peu importe ; ce qui compte, c'est le message sous-jacent : la diversité culturelle. 

 

Peut-on affirmer que ce premier volume de Kanika est une invitation à réaliser des recettes de cuisine africaines, invitation qui s’adresse aux enfants et à leurs parents ?

Kanika n'est pas (seulement) un livre de recettes. C'est un livre sur la transmission : transmission de la culture, transmission de l'histoire, transmission des savoirs autour du continent africain. La gastronomie est un prétexte pour aborder toutes ces thématiques.  J'ai voulu partir d'un élément qui parle à tous afin de passer un message sur la diversité culturelle et la transmission des savoirs. Pour aller plus loin, j’ai voulu créer un livre qui réunirait en un seul format : la fiction, l’histoire et le loisir. Tout cela pour faciliter le côté instruction en s’amusant mais aussi pour proposer des idées d’activités à réaliser en famille ; profiter de ces idées d’activités pour s’informer sur notre Histoire et notre culture, et assurer la transmission des savoirs.

 

L’on voit bien, en effet, que votre livre ne parle pas que de gastronomie, vous évoquez aussi l’histoire du continent, ses langues, sa richesse culturelle. « Je ne peux pas parler de l’Afrique comme si je parlais d’un pays », dit la grand-mère à sa petite-fille Kanika. Avez-vous l’impression que les gens ont tendance à voir l’Afrique comme un pays ?

Si mon projet d’écriture tourne autour de l'Afrique, c’est avant tout à cause d’un ras-le-bol : celui d’entendre les gens parler de l’Afrique comme d’un pays, mais aussi de savoir à quel point en 2019, les gens ignorent toujours tout de ce continent. Alors de mon côté, j’aimerais parler de ce continent cependant je me rends compte qu’il s’agit d’un sujet assez complexe : lorsqu’un afro descendant se retrouve loin de chez lui, en Europe, il n’est plus considéré par sa singularité. Qu’il soit Togolais, Burundais ou Ethiopien, il est avant tout présenté comme un africain. Ce qui, hélas, porte à confusion car un Ethiopien est aussi bien différent d’un Togolais ou d’un Burundais, bien qu’ils soient tous africains. On ne dira pas d’un Français ou d’un Belge résidant en Namibie qu’il est européen. On le désignera avant tout par sa nationalité. Voilà le paradoxe. Pourtant, mon rêve panafricain veut que je considère l’Afrique unie dans sa singularité. Résultat : « Je ne peux pas parler de l’Afrique comme si je parlais d’un seul pays ». C’est cela, le message de Kanika. Raconter et vivre l’Afrique, à la fois par sa singularité et sa diversité.

  

Le prénom « Kanika » a-t-il une signification particulière ?

Kanika est un prénom qui me parle beaucoup. C’est un prénom d’origine égyptienne dont la signification est « petite fille noire ». Lorsque j’ai écrit la première version du livre, j’hésitais entre Eurêka et Kanika. Eurêka, pour le côté trouvaille, curiosité. Puis Kanika, pour les racines africaines du prénom.

 

Avez-vous déjà réfléchi aux prochains titres de Kanika ?

Je pense prolonger les aventures de cette petite héroïne par thématique. Je travaille actuellement sur la structuration du tome 2 qui sera consacré à la thématique du tissu africain. Plein d’idées se bousculent dans ma tête. Je veux continuer avec ce côté découverte/ Histoire/Fiction/et fiches explicatives. Cependant, je me laisse le temps de pousser la réflexion plus loin avant de choisir l’orientation que je souhaite donner au livre. Car, ne l’oublions pas, la thématique du tissu africain est assez complexe, il y a une dimension spirituelle, artistique, socioculturelle… il me reste donc à déterminer l’angle d’attaque pour un livre destiné à la jeunesse. En attendant, le public a le temps de découvrir Kanika, dans la cuisine de Mamie.

 

Propos recueillis par Liss Kihindou.

 

Photo KANIKA par Boudimbou 2

 

 Ophélie Boudimbou, Kanika dans la cuisine de mamie, Publishroom Factory, 15€.

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